Dossier | Banc d’essai | Kia K4 : l’envie de se démarquer (3 articles) (2025)

À ses débuts au Salon automobile de NewYork, la KiaK4 nous était apparue originale, mais tarabiscotée. Huit mois de réflexion et 600kilomètres à son bord ont fait évoluer cette première appréciation. Déconcertante et temporelle sans doute, la compacte sud-coréenne a le mérite d’avoir une vraie personnalité. Elle exprime le retour en grâce de l’audace de style pour la berline «abordable» (moins de 30000$, tout de même) de monsieur et madame Tout-le-Monde.

Ne claironnez pas trop vite «la Forte n’est plus, vive la K4». L’appellation est différente, le contenant aussi, mais l’ombre de la Forte plane toujours sous la plastique de la nouvelle venue.

Il était impossible de tenir la Forte en horreur, mais tout aussi improbable d’en rêver la nuit. Désormais, la marque sud-coréenne attire l’attention, quitte à susciter une réaction de rejet. Rien n’est pire que l’eau tiède de l’indifférence. Vous adorez ou bien vous détestez? Peu importe le camp que vous choisirez, il faut saluer l’audace du styliste montréalais Karim Habib (voir texte suivant). Celui-ci rompt avec l’idée selon laquelle la plupart des acheteurs d’automobiles compactes, frustrés d’une plus grosse voiture, attendent du constructeur qu’il se contente de jouer la carte de la berline sobre et respectable. Cette pensée unique a longtemps inspiré l’industrie et a donné naissance à des modèles de qualité, mais sans grande imagination esthétique.

Plus «tendance», la K4 met donc consciencieusement les atouts de son côté. Un design plus anguleux et expressif que la molle génération précédente, des accostages d’éléments de carrosserie très soignés, pas de fioritures inutiles.

À l’intérieur, le saut qualitatif est encore plus manifeste. Et le prix est sensiblement demeuré le même. Les matériaux de la planche de bord sont donc assez chics, les rangements nombreux, les sièges bien dessinés et les places arrière plus accueillantes en raison d’un châssis aux hanches élargies. Pour sa part, la capacité d’accueil du coffre est satisfaisante, mais dans l’absolu inférieure (-22litres) à celle du modèle qu’il remplace. Aussi, tout comme la Forte, la K4 se refuse à tracter la moindre charge.

Le style intérieur provoque tout de même une ambiance autrement plus chaleureuse que les formes ramollies et standardisées de certaines concurrentes. On se réjouit du maintien de commandes physiques et de leur ordonnancement qui permet de les utiliser sans quitter la route des yeux.

Comme il est d’usage, Kia offre une garantie de cinq ans et une liste appréciable d’équipements de série. Celle-ci se bonifie en optant pour les livrées supérieures.

L’essentiel suffit

Agréablement présentée, la K4 souffre cependant d’un tempérament moins alerte que son style extérieur pouvait le laisser espérer. Le moteur 2litres qui officiait autrefois sous le capot de la Forte retrouve une place sous celui de la K4. Sa puissance, et surtout son couple, reste modeste et il demeure nécessaire de le martyriser un peu pour en tirer toute la quintessence. En appuyant franchement sur la pédale d’accélérateur, un léger effet de couple se fera sentir en créant l’illusion d’une cavalerie plus importante. Un fantasme. La K4 met neuf bonnes secondes avant d’atteindre la vitesse autorisée sur nos voies rapides. Les reprises, elles, sont plus ardues. D’autant plus que la boîte automatique fait preuve de nonchalance. Heureusement, la K4 ne réclame pas trop souvent de passer à la pompe. La suspension est un brin mollassonne, mais la direction affiche en revanche une belle consistance. Dans le domaine de la tenue de route, la K4 est parfaitement saine. Sans être exceptionnelle pour autant.

Face à l’indolence de ce propulseur, la tentation est de gratter les fonds de tiroir pour s’offrir le 1,6litre turbocompressé. Plus véloce et bien assortie à une boîte automatique à huit rapports, cette mécanique ne déclenche pas autant la foudre comparativement à la concurrence qui utilise aussi la magie de la suralimentation. Pas plus qu’elle ne tient mieux la route en dépit d’une suspension arrière plus sophistiquée (bras multiples) que celle dont sont pourvus les modèles «standards».

Au bout du compte, cela a-t-il vraiment de l’importance? Kia compte sur l’allure de la K4, mais aussi sur ses tarifs plutôt raisonnables, pour faire sa marque dans un segment de plus en plus sinistré.